Une histoire par saut quantique

Saviez-vous que nous faisons tous des sauts quantiques ?

La mémoire humaine n’est pas vraiment la plus fiable nous le savons tous. Écrire notre histoire est essentiel afin de conserver nos apprentissages et nous aider à nous en rappeler. Les histoires sont si importantes, que selon Yuvak Noah Harari auteur du livre Sapien, elles sont la force et la différence des humains. Les histoires nous permettent de nous rappeler notre passé et de le partager, elles rallient les humains autour d’un même concept.

Aujourd’hui l’industrie du divertissement, de la vente et du marketing ont bien compris l’importance des histoires. Nous n’achetons plus seulement un produit, nous achetons aussi son histoire. Nous ne travaillons pas seulement pour une entreprise, nous travaillons aussi pour son histoire, sa mission et son futur. 

En tant que leader nous nous devons aussi d’utiliser la force des histoires. Il est essentiel, avec nos équipes et grâce à nos projets, de l’écrire ensemble. J’aime bien dire que le leader est celui qui tient la plume. Il écrit l’histoire un peu comme un script et il utilise sa plume pour patiemment guider son équipe dans la direction souhaitée. Le leader est celui qui partage l’évolution du projet à son équipe et ses « stakeholders ».

Parfois, nous faisons des sauts quantiques, et cela rend l’histoire difficile à suivre. Pour éviter de faire un saut quantique dans ce blogue, je vais vous expliquer :

  1. La force des histoires.
  2. Le concept du saut quantique.
  3. Pourquoi, en tant que leader, il faut être attentif à nos sauts quantiques, les détecter et agir sur eux.

1. L’importance de notre histoire

Les histoires permettent : 

  • De faire des liens,
  • De motiver des équipes,
  • D’aligner les départements,
  • D’être sur la même longueur d’onde dans un groupe, car l’histoire c’est la mélodie, la musique qui tissent notre vie 
  • Dans un groupe de se suivre et d’avancer au même rythme, dans une même direction.

L’histoire représente en quelque sort la ligne du temps du projet ou de votre département, un peu comme une pellicule de film.

Photo by Denise Jans on Unsplash

2. Comment créer une histoire commune ?

Il existe plusieurs façons de raconter des histoires. Selon votre personnalité, vous aurez une image plus pessimiste ou plus optimiste, de votre passé. Par contre, ce qu’il est important de réaliser est qu’il est toujours possible d’avoir plusieurs points de vue par rapport à notre passé commun. Les faits sont les mêmes, mais l’approche ou la compréhension des faits peuvent être différentes selon l’histoire que nous nous racontons.

En tant que gestionnaire, il est important de faire ressortir les apprentissages qui auront le plus de valeur pour l’équipe. Faites que vos histoires contribuent à développer et orienter l’équipe dans la direction souhaitée. Par exemple, il faut leur apprendre que les erreurs font partie de l’exploration et qu’elles constituent plutôt un trésor qu’un problème. Commettre des erreurs est un des apprentissages qui permet de solidifier la confiance et l’initiative dans une équipe.

Quelques exemples d’apprentissages : 

  • Noter la vitesse d’exécution, repérer le temps nécessaire pour compléter une tâche. Cet apprentissage vous aidera à mieux planifier le futur.
  • Noter les éléments qui se répètent, cela vous aidera à identifier les systèmes et processus et outils à mettre en place.
  • Identifier les éléments de communication qui ont bien fonctionné ou moins bien fonctionné
  • Identifier les apprentissages issus des « erreurs ». (Je mets erreurs entre guillemets, car il est toujours possible de voir les erreurs comme des éléments d’apprentissage). Les erreurs sont des trésors puisqu’elles aident à identifier les éléments du système à être améliorés comme par exemple, les méthodes de communication, les processus, les méthodes, les outils… Il ne faut pas négliger le pouvoir des erreurs et de nos inconforts, car la façon dont on raconte leur histoire peut avoir une influence positive ou négative sur l’équipe.
  • Noter l’amélioration apportée sur les systèmes et processus. C’est toujours intéressant de mettre en avant le progrès accompli, la progression aide à voir que le système est en mouvement et qu’il va dans la direction visée. 
  • Mesurer l’évolution des indicateurs de performance. C’est incroyable  de voir après quelques années, ce que cette mesure d’évolution peut faire, surtout lorsque vous êtes à la recherche d’investisseurs. Montrer une tendance sur une grande période signale que l’équipe en place travaille bien ensemble. 
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3. La rétrospective, un outil de création d’histoires

Un exercice intéressant, à faire en équipe, pour faire ressortir les apprentissages et pouvoir écrire une histoire commune est de faire une rétrospective des éléments qui sont arrivés pendant le projet. En faire ressortir les grandes étapes et les apprentissages. Il faut être honnête sur nos accomplissements et nos prises de décision.

Les rétrospectives nous permettent de retirer le maximum de notre passé. L’avantage majeur est d’apprendre à développer de meilleurs plans, anticiper le futur et mettre en place des solutions pour que la suite se passe encore mieux.

 

Vous allez remarquer avec le temps qu’il existe des tendances, des cycles en gestion de projet. Il est possible de les identifier et d’apprendre d’eux pour mieux planifier la suite et aussi pour mieux identifier les opportunités d’améliorations.

4. Le concept des sauts quantiques

J’ai remarqué que plus nous avons de responsabilités plus nous devons regarder dans le futur pour organiser les équipes. Par conséquent, il arrive plus fréquemment de passer d’un point de vue, un plan ou une stratégie à un autre sans s’en rendre compte. 

Il arrive que nous ayons des épiphanies qui nous aident à voir la situation différemment. Nous changeons nos paradigmes ou les conditions de la situation ou tout simplement nous avons une idée géniale. Souvent, ces dernières proviennent d’une nouvelle information qui nous aide à changer pour un meilleur plan ou une meilleure direction. L’épiphanie est si importante que sans l’explication de ce nouvel élément, il est impossible pour les membres de notre équipe de nous suivre. J’appelle ces moments des sauts quantiques.

Il s’agit de ces moments où le chemin pour arriver à cette nouvelle idée est  inconnu jusqu’au moment ou l’éclair de génie survient. Nous faisons un saut, un peu comme un électron qui passe d’un niveau d’énergie à un autre.  Cet éclair de génie peut survenir parce que vous avez rencontré une personne qui travaille dans un domaine connexe à vous et que dans son industrie il utilise une méthode qui vous donne une idée ou encore parce que vous lisez un livre qui vous fait réfléchir et stimule une nouvelle approche pour résoudre un problème. Les visionnaires agiles sont les plus enclins à faire ce genre de saut. 

5. Comment détecter que nous avons fait un saut quantique ?

Lorsque nous faisons un saut quantique, il arrive bien souvent que nous n’en ayons pas connaissance. Nous continuons à avancer dans notre nouvelle direction sans le partager. De notre point de vue c’est même probablement la suite logique. Alors, comment détecter que nous sommes partis sur une nouvelle piste.  C’est bien simple, vous aurez peut-être :

  • Le sentiment de vous sentir seul ou isolé,
  • L’impression que les autres ne travaillent pas sur les bonnes priorités,
  • Le sentiment de ne pas comprendre pourquoi certains membres de l’équipe continuent à faire certaines choses maintenant que vous avez pivoté,
  • L’impression que personne n’arrive à nous suivre. Parfois, il est possible de penser que nous sommes les seules personnes intelligentes ou capables de stratégies,
  • Le sentiment que personne ne nous suit et que nos discussions sont pleines de frictions et d’oppositions. 

6. L’importance de l’histoire pendant un saut quantique 

Lorsque nous avons la chance de faire ce genre de saut, les autres ne peuvent pas nous suivre facilement. Le seul moyen de faire le saut avec son équipe est de raconter une histoire

Malheureusement, sans ce partage, il y a de fortes chances qu’ils nous trouvent chaotiques et sans logique. C’est pourquoi il est essentiel de raconter l’histoire des informations qui nous ont amenées à changer de direction.

Prenez le temps d’expliquer votre cheminement. Cela peut-être irritant de devoir prendre le temps de le faire, mais rappelez-vous qu’il n’est pas possible d’aller plus rapidement que la vitesse du plus lent. Il y a beaucoup d’avantages à partager une histoire pour expliquer son saut. 

  1. Vous allez pouvoir raconter l’histoire à haute voix, cette étape est parfois révélatrice, car un plan dans sa tête est bien souvent incomplet.
  2. Vous aurez le buy in de l’équipe pour vos nouvelles idées, et vous formerez des ambassadeurs de votre idée.
  3. Pourrez recevoir du feedback et potentiellement ajouter ce feedback à votre analyse.

7. Les grandes étapes 

les étapes

Photo by Jukan Tateisi on Unsplash

1. Reconnaître le saut et raconter son histoire

La première étape consiste à expliquer, raconter l’histoire. Comment nous sommes arrivés à cette conclusion ? Bien souvent, cela signifie attendre un peu après épiphanie pour l’identifier, sentir l’inconfort expliqué plus haut et ensuite trouver l’histoire qui a du sens pour amener les autres avec vous. Commencez par raconter l’histoire à l’équipe plus près de vous et ensuite élargissez. Cela vous permettra de tester votre histoire en sous-comité. Vous réaliserez l’importance du changement, et pourrez identifier la meilleure approche pour l’initier.

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2. Laisser du temps à l’équipe pour vous suivre

Laissez le temps à cette nouvelle information pour être assimilée par les autres, mais aussi par vous, car peut-être ne s’agit-il que de bruit ? Prendre du temps, si c’est possible, permet à tous, incluant vous, de détecter si cette nouvelle idée perdure. Plus le changement est gros et plus le temps nécessaire pourrait être long.

3. Avant de faire le saut — trouver une fin logique au dossier en cours 

Prendre une pause va aussi permettre, à certaines tâches ou projets en cours d’être complétés avant de tout changer. Arrêter des tâches en cours fait souvent, bien plus de mal que de bien, car l’arrêt avant la fin d’une phase envoie un signal très mélangeant aux équipes.

Cela donne l’impression que nous n’avons pas de plan et que nous sommes des girouettes, ou encore cela laisse penser qu’il n’est jamais vraiment nécessaire de compléter un projet étant donné que le plan changera avant la fin de toute façon. Et ce, surtout si vous faites souvent des sauts quantiques. Changer sans compléter une phase à beaucoup d’effets secondaires négatifs. Donc faire une pause pour organiser la nouvelle idée et compléter les dernières fait beaucoup de bien. Autrement, dis ne négliger pas le coût caché lié à un changement trop rapide.

4. Documenter un minimum — pour créer votre histoire

Assurez-vous de documenter un minimum pourquoi vous faites des changements et les raisons qui vous ont motivé à les faire. Cette étape aide à constituer notre histoire.

Vous pouvez l’écrire dans votre journal ou encore le noter dans votre agenda. Cette étape peut être très intéressante, car au prochain saut vous pourriez regarder plus en détail le pourquoi vous faites que ce vous êtes en train de faire.

Conclusion – par quoi commencer cette semaine

Cette semaine, tentez de détecter si vous avez effectué un saut quantique, aussi petit qu’il puisse être. Par exemple, vous aviez demandé à votre ami de vous rejoindre, ce soir, pour un souper au restaurant et finalement vous lui demandez de vous rejoindre dans un café. Pour vous c’est évident, car une nouvelle urgence au travail fait que n’avez le temps que pour un café. Si vous ne lui expliquez pas pourquoi vous avez effectué ce changement, votre ami se demandera bien ce qu’il se passe et n’aimera peut-être pas votre suggestion, car il se peut qu’il ait très faim et qu’il attendait après vous pour manger.

Dès que vous identifiez le saut, soyez attentif à ce qui vous a fait changer de plan ou d’histoire et partagez-le avec les autres lorsque nécessaire.

À l’inverse, détecter si vos collègues ou patrons ont fait des sauts quantiques. Ils vous parlent et cela n’a aucun sens pour vous. Posez-leur cette question : qu’est-ce qui fait que nous passons de notre plan initial à celui-ci ? (Notez ici que j’utilise le qu’est-ce qui et non le POURQUOI, qui bien trop souvent met les gens en mode défensif).

Amusez-vous bien et dites-moi si vous aussi vous faites des sauts parfois.

Référence : si vous êtes intéressé allez lire la page Wikipédia sur les sauts quantiques c’est très intéressant. 

Lien des livres en référence dans cet article. 

Photo by Clark Young on Unsplash

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