Décision paralysée : Comment débloquer la peur de se tromper?

Paralysez de prendre une décision ?

La peur de se tromper est un frein répandu qui paralyse de nombreux décideurs potentiels. Pourtant, dans un environnement professionnel en constante évolution, il est essentiel pour les managers et dirigeants d’entreprise de faire preuve d’agilité et de capacité d’adaptation. C’est là que réside tout l’enjeu de vaincre sa peur de l’erreur pour oser prendre des décisions éclairées.

Selon une étude, près d’un manager sur deux reconnaissait que la crainte de se tromper l’empêchait parfois d’avancer sur certains dossiers. Pourtant,  l’erreur nous permet d’apprendre. Il est donc essentiel de sortir de cette paralysie décisionnelle en comprenant d’où vient réellement cette peur et comment l’apprivoiser.

Cet article a pour objectif de donner aux managers et dirigeants des clés concrètes pour vaincre leur peur de l’erreur et oser prendre des décisions éclairées malgré le risque d’échec. Nous verrons dans un premier temps d’où proviennent ces freins psychologiques et organisationnels, puis comment adopter une culture bienveillante de l’apprentissage par l’expérience plutôt que de la crainte de l’erreur. Des pistes d’actions seront également proposées pour trouver le juste équilibre entre réflexion et prise de risque.

1. Comprendre les origines de la peur de se tromper

Avant de pouvoir vaincre sa peur de l’erreur, il est essentiel d’en comprendre les ressorts psychologiques et organisationnels. En effet, si l’on ne saisit pas d’où vient réellement cette crainte paralysante, il sera difficile de la dépasser.

1.1 Les raisons psychologiques

  • Peur du regard des autres et du jugement: Dès l’enfance, nous apprenons à redouter le jugement d’autrui. Faire une erreur peut exposer au blâme. Cette peur sociale se prolonge à l’âge adulte.
  • Peur de l’échec et de l’erreur: Dans nos schémas mentaux, l’erreur est fortement associée à l’échec, synonyme d’incompétence. Cela nourrit une crainte de ne pas être à la hauteur.

1.2 Les raisons organisationnelles

  • Culture de la peur de l’erreur: Certaines cultures d’entreprise promeuvent davantage la peur que l’apprentissage de l’erreur, perçue comme taboue.
  • Absence de soutien: En cas d’erreur, son auteur peut se sentir jugé plutôt que soutenu. Sans bienveillance, il sera réticent à retenter l’expérience.

2. Accepter que toute décision comporte un risque d’erreur

Maintenant que nous avons compris d’où provenaient nos craintes inconscientes, il est temps d’adopter un regard plus nuancé sur l’erreur. En effet, la première étape pour dépasser sa peur de se tromper est d’accepter que toute décision implique une part d’incertitude et donc de risque. Comme le disait Peter Drucker : La meilleure façon de prédire l’avenir, c’est de le créer.

Il est illusoire de penser qu’il existe des choix parfaits, dénués du moindre doute. Même les décisions les mieux réfléchies peuvent déboucher sur des résultats inattendus sous l’effet de facteurs imprévisibles. L’important n’est donc pas tant d’éviter absolument l’erreur que de franchir le pas malgré les doutes, de tenter pour progresser. Certains des choix les plus audacieux se sont paradoxalement révélés gagnants alors qu’ils semblaient risqués au premier abord. Il convient donc de nuancer notre vision binaire du succès et de l’échec pour accepter les zones grises inhérentes à toute prise de décision.

C’est ce changement de perspective que nous allons maintenant examiner, à travers quelques exemples concrets…

2.1 Aucune décision n’est parfaite, l’important est d’agir

Prendre une décision implique toujours incertitude et part d’aléa. Même les choix les plus mûrement réfléchis peuvent déboucher sur des conséquences imprévues, sous l’influence de facteurs externes difficiles à anticiper complètement. L’objectif n’est donc pas tant de chercher la décision zéro défaut, que d’oser faire un choix en convaincue et de l’assumer.

2.2 Exemples de décisions qui paraissaient risquées mais qui se sont avérées payantes

  • Le lancement du moteur de recherche Google au milieu des années 1990: l’idée de cartographier le web semblait folle mais alla révolutionner Internet.
  • La décision de Netflix de se lancer dans le streaming vidéo plutôt que de rester un service de DVD: les investisseurs doutaient mais c’est ce virage qui assit son succès mondial.
  • Le pari d’Amazon de se lancer dans la vente en ligne au début des années 2000 alors que l’e-commerce en était à ses balbutiements.
  • Le pari de Zappos de rendre tous les employés responsables du service client et d’investir dans la culture d’entreprise lorsque cela n’était pas encore une tendance. D’ailleurs je vous recommande de lire cet excellent livre : Delivering Happiness: A Path to Profits, Passion, and Purpose
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3. Apprendre de ses erreurs plutôt que de les craindre

Nous l’avons vu, il est essentiel d’accepter la part d’incertitude inhérente à toute prise de décision pour vaincre sa peur de l’erreur. Cependant, cela ne suffit pas si l’on ne met pas en place une culture propice à l’apprentissage et à la prise de risque. En effet, aussi longtemps que l’erreur restera taboue et sanctionnée, la crainte de se tromper persistera.

Il est donc temps de changer de paradigme en adoptant une vision véritablement constructive de l’échec. Plutôt que de le redouter comme un évènement négatif, apprenons à le considérer comme une opportunité de progresser. Car c’est bien en testant de nouvelles options, même hasardeuses, que nous comprenons ce qui fonctionne réellement. Et c’est en faisant des fautes que nous devenons plus habiles.

Dans cette optique, certaines entreprises ont su instaurer une culture d’entreprise bienveillante qui encourage l’audace et le droit à l’erreur. Leur exemple montre qu’en soutenant les prises de risque, on favorise l’innovation et la créativité des équipes. C’est précisément ce type d’environnement libérateur que nous allons désormais explorer.

3.1 Une erreur est une opportunité d’apprentissage

  • Chez Tesla, le lancement raté du Model 3 à cause de goulots d’étranglement dans la production a été une erreur. L’analyse approfondie qui a suivi a permis d’identifier les problèmes et de repenser les lignes d’assemblage pour tripler la cadence.
  • Chez Netflix, les milliers de tests de bandes-annonces infructueux ont été une erreur. Cela a finalement conduit à définir le format idéal de 30 secondes grâce à l’analyse des données utilisateurs.
  • Chez Apple, de nombreux prototypes d’iPhone au début qui n’étaient pas au point ont été des erreurs. Elles ont ouvert la voie à l’innovation en permettant de tester de nouvelles approches.
  • Chez Toyota, le rappel massif de véhicules en 2009-2010 suite à des problèmes de freinage a été une erreur. Cela a conduit le constructeur à revoir en profondeur sa culture de qualité.

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3.2 Mettre en place une culture bienveillante de l’erreur dans son équipe

  • Commencer par accepter ses propres erreurs et les partager en interne pour montrer l’exemple. Chez Google, les dirigeants racontent régulièrement leurs échecs passés aux équipes.
  • Créer des espaces de débriefing collectif des erreurs, comme les “Fail Party” où chaque membre partage un échec et les enseignements tirés. (Perso c’était un réel plaisir de partager en équipe avec “cup cake” pour une ambiance festive)

  • Encourager les prises de risque calculées en assurant soutien et bienveillance en cas d’échecs. Chez Spotify, les projets avortés ne sont pas sanctionnés si leur analyse fait progresser l’entreprise.
  • Ne pas punir les essais infructueux à condition d’en tirer des leçons pour l’avenir.
  • Mettre l’accent sur les apprentissages plus que sur les résultats quand on revient sur un échec.
  • Instaurer un climat de confiance où chacun se sent en sécurité pour oser des expérimentations et apprendre de ses erreurs.

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3.3 Définir les concepts de résilience et d’apprentissage par l’expérience

La résilience:

La résilience est la capacité à surmonter les épreuves et à rebondir après un échec ou une période difficile. C’est la force mentale qui permet de relativiser les déceptions et de garder confiance en soi malgré les aléas. Les organisations résilientes apprennent de leurs erreurs pour s’adapter et progresser.

Apprendre par l’expérience:

Apprendre de ses erreurs nécessite une culture propice à l’expérimentation et à l’analyse des échecs. Il s’agit de tester des hypothèses, d’en tirer des enseignements concrets grâce à l’évaluation, puis de modifier son approche. C’est en osant des choix et en étudiant leurs conséquences, positives ou négatives, que l’on développe un savoir-faire. Même un échec apporte des leçons si on sait en extraire de nouvelles idées.

Ces deux capacités sont indispensables pour transformer l’échec en opportunité de progrès. La résilience psychologique permet de surmonter l’épreuve tandis que l’apprentissage expérientiel nourrit la réflexion pour l’avenir. Ensemble, elles forment la clé d’une culture apprenante et audacieuse.

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4. Trouver le juste équilibre entre réflexion et action

Si adopter une culture positive de l’erreur est essentiel, cela ne signifie pas pour autant qu’il faille agir de manière impulsive et désordonnée. Trouver le bon équilibre entre réflexion et prise de risque est tout aussi important pour maximiser ses chances de réussite.

En effet, hésiter excessivement peut nous priver d’opportunités si une fenêtre se referme. Mais d’un autre côté, s’engager à corps perdu dans n’importe quelle direction sans discernement accroît les risques d’échec. Il convient donc de mener une réflexion stratégique tout en sachant passer rapidement à l’action de manière agile.

Plusieurs méthodes existent pour avancer par étapes mesurées tout en testant autant que possible des hypothèses concrètement.

Des techniques comme le test rapide pour avancer par étapes

  • Réaliser des tests utilisateurs à petite échelle (A/B testing) pour valider de petites hypothèses sans gros risques. Exemple : Netflix teste des dizaines de bandes-annonces.
  • Faire des prototypes peu coûteux pour défricher rapidement une idée. Exemple : lors du développement de l’iPhone, Apple a réalisé de nombreuses maquettes.
  • Expérimenter sur des marchés restreints avant une généralisation, pour limiter les risques. Exemple : Starbucks a testé de nouveaux produits dans quelques points de vente.
  • Itérer en tirant des apprentissages de chaque échec ou réussite pour affiner sa direction. Exemple : Google expérimente et adapte constamment ses algorithmes.

La magie réside dans la création de mouvements progressifs, l’objectif étant de tester et d’améliorer continuellement pour atteindre le but fixé.

Le prototypage rapide: Réaliser rapidement des maquettes réduites d’un projet pour tester et valider une hypothèse de manière légère avant de s’engager.

L’expérimentation sur cible restreinte: Tester sur un marché ou un échantillon limité avant généralisation pour limiter les risques. Exemple : tester sur une ville, un profil d’utilisateurs.

Ces méthodes opérationnelles permettent de planifier et évaluer les initiatives de manière cadrée tout en encourageant l’expérimentation graduelle.

5. Questionnaire d’évaluation de la peur de l’erreur

  1. Face à une décision importante, diriez-vous que vous analysez trop longuement les risques potentiels d’échec?
  • Rarement ou jamais
  • Parfois
  • Souvent
  1. Vous est-il déjà arrivé de ne pas tenter une nouvelle idée par crainte des conséquences négatives d’un échec?
  • Rarement
  • Plusieurs fois
  • Très souvent
  1. Lorsque vous vous trompez sur un projet, ressentez-vous plutôt de la frustration ou voyez-vous cela comme une leçon ?
  • Plutôt comme une leçon
  • Mi-frustration, mi-leçon
  • Plutôt de la frustration
  1. Pensez-vous qu’une erreur peut nuire à votre crédibilité ou autorité auprès de vos équipes ?
  • Pas du tout d’accord
  • Plutôt pas d’accord
  • Plutôt d’accord
  1. Encouragez-vous votre équipe à tenter de nouvelles choses même si ça peut rater ?
  • Toujours
  • Souvent
  • Rarement ou jamais

Ce court test vous donne un aperçu de votre relation actuelle à l’erreur. N’hésitez pas à suivre les recommandations de l’article pour plus d’agilité !

Pour aller plus loin voici 2 autres articles :

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Conclusion

Au travers de cet article, nous avons pu voir comment analyser et dépasser ses propres freins psychologiques liés à la peur de l’erreur. Nous avons également compris l’importance de promouvoir une culture d’entreprise bienveillante et apprenante. Le message clé est de considérer l’échec comme une opportunité de progresser plutôt qu’un événement négatif.

Pour résumer, il s’agit d’accepter le risque inhérent à toute prise de décision, d’apprendre de ses erreurs et de trouver le juste équilibre entre réflexion et action agile par des tests rapides. C’est en adoptant cette philosophie positive que l’on gagne en confiance pour oser des paris audacieux.

Afin de mesurer où vous vous situez, n’hésitez pas à compléter le bref questionnaire en fin d’article. Il vous permettra d’évaluer votre degré actuel de peur de l’erreur.

Merci de m’avoir lue. J’espère que ces pistes vous seront utiles dans votre mission de construire une culture d’entreprise innovante et propice à l’audace responsable.

PS. Si vous aimeriez que je vous aide dans la création d’un environnement de travail ou l’erreur est une opportunité, mais surtout pour réduire la paralysie de vos équipes n’hésitez pas à me contacter.

Photo de Ivan Aleksic sur Unsplash

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